Après avoir engagé des milliards d’euros d’argent public, dans des secteurs tels que l’automobile ou l’aéronautique, le gouvernement ne peut plus échapper à ses responsabilités concernant le secteur ferroviaire. Suite aux annonces d’E. Macron le 14 juillet concernant la relance du FRET Ferroviaire, le retour des trains de nuit et la desserte fine du territoire, le ministre des transports annonce qu’il y a plusieurs options sur la table pour aider financièrement le groupe SNCF. Cette sortie médiatique laisse craindre une stratégie financière à court terme mélangeant les pertes issues de la crise COVID et le plan de relance annoncé par le Gouvernement.
Quant à la « performance économique » réclamée par le néo-ministre « dans la continuité de la réforme de 2018 », c’est un non-sens compte tenu des surcoûts structurels issus du découpage en 5 Sociétés Anonymes imposé par la loi de 2018. Pour mettre fin aux idées reçues, la Fédération SUD-Rail rappelle qu’en 2019,
SNCF a versé près de 770 millions d’euros de dividendes à l’État pour financer les investissements sur le réseau.
Dette Ferroviaire et Ecologie sont incompatibles !!
Le Ferroviaire est l’une des solutions les plus efficaces pour lutter contre le réchauffement climatique dans les « jours d’après ». Le moment est donc venu d’intégrer cette dette publique dans la perspective d’annulation que réclament de nombreux économistes. Différentes solutions démontrent que c’est possible sans provoquer ni inflation, ni faillite. Car cette « dette » n’a rien à voir avec un budget familial où l’on dépenserait plus que ce que l’on gagne, il s’agit d’un investissement public pour doter le pays d’une infrastructure publique qui rend un service social, au même titre que les autres réseaux de transport (route, voie d’eau, transport d’énergie…) ou de santé (hôpitaux, système généralisé de conventionnement des médecins, EPAHD…). Le financement par l’emprunt plutôt que par la cotisation (comme ce fut le cas pour la Sécurité Sociale), et en particulier par l’emprunt auprès du système bancaire privé, n’a été motivé que par la logique prédatrice des banques au seul bénéfice de leurs actionnaires.
Priorité sur les infrastructures, Arrêt des fermetures de lignes et de gares !!
S’agissant de ressources collectives, les enjeux des infrastructures de transport doivent se mesurer à leur utilité sociale. Il est nécessaire de prioriser les investissements dans les modes de transport selon cette considération, et une fois les choix faits, poser des actes pour alimenter prioritairement les réseaux à coûts fixes et fortes contraintes (fer et voie d’eau), et organiser la complémentarité plutôt que la concurrence avec la route.
Il est temps de cesser l’atrophie des infrastructures ferroviaires et d’engager un véritable plan à long terme pour redévelopper le réseau.
Relocaliser l’économie, c’est permettre aux industries de pouvoir disposer d’un réseau performant. Lutter contre la pollution atmosphérique et la saturation des espaces urbains, c’est prioriser le transport ferroviaire !
FRET Ferroviaire, On est loin du compte !!!
Le 27 Juillet, le nouveau premier ministre annonce la mise en place de 2 nouvelles autoroutes ferroviaires, la remise en route du Perpignan/Rungis et la gratuité des péages fret pour 2020 …
Tout compte fait, les nouvelles Autoroutes Ferroviaires annoncées sont en projet depuis 2013 et la remise en route du symbolique train des primeurs était déjà annoncé avant la crise du COVID par la ministre des transports de l’époque. En tout et pour tout, c’est 65 millions d’euros pour les péages FRET … On est loin du compte pour atteindre un vrai report modal et sauver le FRET Ferroviaire !
Développer le FRET, c’est déjà Arrêter la Casse !!!
Pendant que le monde politique et le gouvernement s’agitent autour de la priorité écologique, la direction du FRET continue de casser l’outil de production. La part modale du FRET a atteint un plus bas historique et ce sont près de 1000 suppressions d’emplois qui sont annoncées dans l’activité. Les éventuelles aides versées ne peuvent pas être un prétexte pour casser d’avantage l’emploi et les infrastructures FRET pour que certains fassent du profit sur des bouts de segment au détriment de la collectivité. Elles ne peuvent pas plus être un prétexte pour attaquer encore davantage l’emploi, les salaires et les conditions de travail. Développer le FRET Ferroviaire, c’est reconnaitre son utilité publique et prendre des mesures législatives fortes en faveur du report modal et du transport ferré de marchandises.
Trains de nuit, tout est à refaire !!
Dans la continuité de la politique qui a vu la mise en route des « cars Macron » censée révolutionner la mobilité, en moins de dix ans, la SNCF s’est vue contrainte de liquider les trains de nuit au profit des « cars macron ».
Quelques années plus tard, les cars Macron sont un fiasco, les opérateurs déposent le bilan les uns après les autres (le dernier en date étant Eurolines en juillet 2020). Gouvernement et direction SNCF redécouvrent alors les bienfaits du train de nuit … Mais il sera difficile de reconstruire ce qu’ils ont détruit en quelques années… Matériel, infrastructures, tout est à rebâtir !
La Fédération des syndicats SUD-Rail ne se satisfait donc pas des dernières annonces et exige immédiatement des engagements du gouvernement et de la direction SNCF sur :
– L’abrogation de la loi de 2018 qui a poursuivi l’éclatement du système ferroviaire afin d’accélérer la privatisation du chemin de fer.
– L’arrêt de toutes les réorganisations annoncées à la SNCF qui ne cessent de casser l’outil de production et ne permettront pas le report modal ferroviaire nécessaire.
– Un véritable plan de développement du service public ferroviaire qui tient compte de la réorientation et relocalisation solidaire de l’agriculture, de l’industrie et des services, pour les rendre plus justes socialement, en mesure de satisfaire les besoins essentiels des populations et de répondre à la crise écologique